Disparition d’Alice Mendelson, témoignages….
Alice Mendelson, grande conteuse chère au coeur de l’Age d’Or de France,
est partie conter dans d’autres cieux le 4 janvier dernier …
Elle nous a beaucoup apporté pendant plus de 30 ans, avec notamment la création des
“contes en liberté” mais aussi des racontées inoubliables. Retrouvez ici la Lettre d’Alice qu’elle nous avait écrite pour raconter comment elle avait découvert L’Age d’Or de France.
Quelques témoignages :
Quel joli nom elle avait : Alice tout empli de merveilles et Mendelson sonnant de concertos
et du violon de Chagall qui devait lui rappeler la Pologne de ses parents. Elle était née en juillet 1925 à Longlaville en Lorraine et naturalisée française l’année suivante à Paris. Malgré tout, elle avait échappé de peu à la rafle du Veld’hiv. Mais sa vraie patrie c’était la langue française qu’elle allait faire chanter pendant presque un siècle par sa conversation, ses chansons, ritournelles, comptines et poésies (elle en a publié un livre à 95 ans). Elle était formatrice, animatrice de l’Atelier d’écriture et conteuse à l’Âge D’Or de France. Elle adorait conter, là, disait-elle, elle était à sa place. Elle avait le sens de l’improvisation, l’humour et la force de transmettre les images qui lui permettaient d’emmener son auditoire jusqu’au bout du merveilleux. Pour ma part je garderai deux souvenirs indélébiles qu’aucun objectif n’a pourtant fixé : une petite poupée grimpée sur les épaules de son père participant à une « manif » des années 30; et puis ses yeux malicieux quand on lui posait une question indiscrète sur sa jeunesse, et qu’elle répondait seulement :«si tu savais ». Adieu Alice, bon vent…
Annie
Alice ! Je la revois, haute comme trois pommes, son petit chapeau posé sur ses boucles
blondes, malicieuse, pleine de tendresse, jolie comme un cœur…
Liliane
Alice était une figure légendaire de l’Age d’Or de France. Je suis de cœur avec tous ceux qui l’ont connue et aimée, et respectée pour sa grande valeur humaine dans son cursus de conteuse exceptionnelle.
Alain
Alice ? Un Regard et un Sourire ! Un Regard qui transperce, qui plonge au plus profond de votre être et qui s’offre à vous du plus profond de son être. Un Sourire qui lui mange tout le visage, qui rayonne et illumine l’espace. Un Sourire de gourmandise ! Car Alice est gourmande, Amoureuse de la Vie, de l’Amour, des Mots. La Vie, elle la croque ! Une vieille pub disait la vie est trop courte pour s’habiller triste ! » Cela lui va comme un gant ou plutôt comme un chapeau.
Rire pour enchanter le monde, rire pour résister à la douleur et au chagrin, rire par élégance.
L’Amour ? Elle était très discrète mais riait comme une petite fille à la pensée de certains
souvenirs. Elle aimait le monde, les gens, la vie, l’amour lui-même.
Les Mots ? Elle les tournait, les mâchait, les faisait rouler en bouche et quand elle les disait
ils étaient comme des galets après bien des marées. Toujours à la recherche du mot juste pour dire l’indicible, pour dire le mouvant, le fluctuant. Jamais d’affectation, jamais poseuse, non, juste ce qu’il fallait. Maupassant dans sa bouche prenait une saveur nouvelle.
Et avec les enfants ? Je me souviens de la première fois où je l’ai entendu raconter à des 2 / 3 ans à l’école
maternelle des Maraîchers. Je me suis dit « mais qu’est-ce qu’elle raconte ? Cela ne les
intéresse pas, ce n’est pas leur univers ! » Et bien si ! Ils l’écoutaient bouche bée, buvaient ses paroles, subjugués par sa voix, son regard, son sourire, par ses cheveux d’Or, ses vêtements joyeusement colorés et ses bijoux
qui enrichissaient la palette de couleurs. Elle était le joueur de flûte de Hamelin emmenant les enfants loin du monde mercantile et sans honneur des adultes.
Quand elle m’a dit : Françoise, je te fais entrer quand tu veux dans mon groupe de conteurs, je l’ai suivie à l’Age d’Or – c’était il y a bien longtemps – et comme moi d’autres l’ont suivie.
Alice la ravisseuse, l’ensorceleuse, Alice la Conteuse. Merci Alice !
Françoise
Un siècle de contes, de poésies qui a vécu avec Alice et qui laissera des traces dans la
mémoire des conteurs.
Annie
Et retrouvez l’interview de Pascal Quéré dans sa série “L’art de conter“. Un grand moment de partage.